Le soutien scolaire en France une industrie subventionnée encore en 2018 ?

De nombreux organismes proposent des cours particuliers dont le coût, avant déduction d’impôts, avoisine en général entre 35 et 45€ de l’heure. Ces organismes ventent leurs produits auprès des parents grâce à la déduction d’impôts de 50% qu’ils donnent droit. En clair, un cours facturé 40€ (dont 13-14€ net seulement reviennent à l’intervenant, si vous enlevez le prix et le temps dans les transports…) coûte 20€ aux parents et 20€ à l’Etat, pour un cours donné par un étudiant. Beaucoup d’étudiants sont très efficace, mais payer 30 ou 40€ de l’heure ne garantit rien puisque les étudiants ne sont souvent pas ou peu suivis par les organismes de soutien scolaire.

Pourquoi les subventions ?

Le marché du soutien scolaire est estimé à 3,5 milliard d’euros en 2017, dont une grosse majorité au noir. L’Etat a voulu régulariser ce marché en permettant aux parents et aux étudiants de travailler dans un cadre légal, sans pour autant causer une augmentation des coûts trop importantes – sinon, personne ne déclarerait d’où la déclaration d’impôts. Problème : si ne serait-ce que 20% du marché est déclaré, cela fait tout de même 250 millions d’euros de subventions. Avec la hausse du marché du soutien scolaire, le coût des subventions n’ira que croissant.

Quelques pistes de réflexion

Plutôt que de subventionner ce type d’organismes, qui in fine reflètent les lacunes d’un systèmes éducatif avec un manque de soutien personnalisé et la peur du déclassement social de la part des parents, l’Etat pourrait payer en heures supplémentaires des professeurs ou des tuteurs, ou faire venir un étudiant/professeur externe pour gérer des mini-groupes d’élèves par niveau, afin de pouvoir aider plusieurs élèves en même temps (sous forme d’ateliers de 4 à 6 élèves). L’avantage : un suivi et une formation du tuteur serait possible pour s’assurer qu’ils est performant, et un moindre coût.

Imaginons que les profs/étudiants soient payés 30€ de l’heure pour ces modules (soit un coût de 50€ de l’heure avec les charges sociales) pour des groupes de 5 élèves. Le coût pour l’Etat ne sera plus que de 10€/heure/élève (au lieu de 20€ pour une subvention de 50% d’un cours particuliers facturé 40€) et les parents auraient accès aux cours gratuitement…

Ce principe garantirait également un meilleur accès au soutien scolaire vis-à-vis des plus démunis. En effet, les pauvres ne payant pas d’impôts et ne bénéficient donc pas, de facto des déductions d’impôts et payent finalement deux fois plus cher une heure de cours déclaré qu’une famille plus aisée (40€ contre 20€ avec déduction d’impôt pour une famille aisée). Ce serait un signal fort de la prise en compte des valeurs républicaines, de fraternité et d’égalité de la République Française…