Quels impacts des biocarburants pour l’avenir de notre planète ?

Le réchauffement climatique est indéniable et on doit réagir. On nous parle depuis peu des biocarburants comme étant écologiques et limitant le recours aux énergies fossiles, notamment le pétrole. Si en soi ce n’est pas faux, en l’état actuel, cette assertion est loin d’être confirmée.

Le leurre des biocarburants

Un hectare cultivé de tournesol ou de colza produit chaque année entre 800 et 1000 litres d’huile, ce qui correspond grosso modo à 6 barils/hectare. La planète consomme 86 millions de barils de pétrole… chaque jour. Si l’on voulait remplacer tout le pétrole par des biocarburants, il faudrait donc cultiver… 5 milliards d’hectares de végétaux pour répondre à nos besoins.

Or, l’humanité dispose au grand maximum de 2 milliards d’hectares de surface agricole, et a déjà du mal à trouver plus de surface pour nourrir une surface croissante. Alors, certains et certaines se sont mis en tête de défricher des forêts tropicales pour cultiver de l’huile de palme pour faire des biocarburants.

Sauf que, en rasant la forêt, en brûlant la biomasse, en libérant d’énormes quantités de méthane (gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le co2) en asséchant forêts humides et marais, des quantités astronomiques de gaz à effet de serre sont relâchées, ce qui nécessitera 60 ans de culture de biocarburants pour compenser ces émissions dues à la déforestation. Sans compter les pesticides, la destruction d’espaces peuplés par des espèces animales et végétales uniques au monde…

Pourquoi ?

On voit immédiatement que la solution des biocarburants est impossible à mettre en œuvre en l’Etat des choses. Les seules solutions possibles sont de combiner l’amélioration des rendements des biocarburants, développer des cultures de plantes pour biocarburants sur des zones arides pour ne pas empiéter sur les champs destinés à nourrir l’humanité (« manger ou conduire, il faut choisir », un nouveau futur slogan ?) et faire la chasse au gaspi généralisé pour diminuer la demande.

On le voit, il est plus facile de perpétuer un système fondé sur le pétrole et de se donner bonne conscience avec les biocarburants. C’est arrangeant pour tout le monde, pour l’Etat se nourrissant de TIPP et taxes, les compagnies pétrolières et automobiles constituant 9 des 10 plus grosses entreprises mondiales ; le consommateur préférant ne pas trop de poser de question. Tant pis si la hausse de la demande en végétaux fait doubler/tripler le prix des matières premières et que des dizaines de millions de personnes sont menacées de famine faute d’argent pour acheter de la nourriture. Tant pis si on rase des forêts millénaires avec les conséquences majeures que cela entraîne (locaux expulsés, espèces exterminées, contaminations des sols, perte d’emplois liés à la forêt, pollution émise en masse…)

Quoi faire ? Quelques pistes de réflexion

D’ici 2050, la demande en énergie comme en produits alimentaires doublera. Ce n’est pas tenable. Voici quelques pistes de réflexion à engager :

– Limiter l’usage du pétrole là où il est le plus difficilement remplaçable, comme l’aviation ou l’industrie pétrochimique par exemple.

– Limiter au maximum l’étalement urbain

– Instaurer des normes progressives de plus en plus restrictives pour diminuer nos besoins en pétrole, par des taxes, des incitations à la recherche et au développement… Ca ne peut qu’être bénéfique : écologiquement comme économiquement parlant pour la France ne disposant pas d’hydrocarbures.

– Interdire le chauffage au fioul au profit de chaufferies bois

– Développer le ferroutage au maximum des camions

– Développer transport de commun en masse, instaurer une taxe généralisée par kilomètre parcouru comme sur l’autoroute, et inciter au covoiturage

– Investir à fond dans la R&D; pour développer des biocarburants de seconde génération, tels que les biocarburants issus des déchets végétaux ou des microalgues, dont le rendement est 30 fois supérieure aux biocarburants actuels

Actuellement, les besoins en pétrole en France s’élèvent à 2 millions de barils/jour. En diminuant des trois quart nos besoins en faisant une chasse au gaspillage généralisée et en instaurant des usines à micro-algues produisant 200 barils/hectare/an, les cultures nécessaires pour remplacer le pétrole passera de… 122 million d’hectares (5 fois la surface cultivée en France) à … 900 000 hectares (soit 20 fois moins que la surface cultivée en France, ou correspond à la taille du département de la Gironde), ce qui est envisageable.