Souvenez-vous cette annonce de Facebook a généré plus de 110 articles en 2 jours sur le web français il y a quelques mois !. Pas très surprenant quand on sait que la CNIL annonce qu’un profil Facebook sur cent serait celui d’une personne décédée. Dans le monde, cela correspond à environ 130 millions de profils.
Les équipes de Facebook emboîtent désormais le pas à Google, Twitter, Microsoft et proposent dorénavant une solution pour préparer sa mort numérique. Un sujet difficile à aborder pour le géant, qui interdit dans ses conditions générales d’utilisation, de communiquer à un tiers son login et son mot de passe.
Baptisée « Legacy contact », cette fonctionnalité n’est aujourd’hui disponible qu’aux Etats-Unis, sans qu’un délai de déploiement à l’international et donc en France, ne soit annoncé.
Comme à son habitude, Facebook a opté pour une procédure très cadrée :
1/ Vous choisissez un héritier parmi vos contacts Facebook
2/ Vous l’avertissez de votre choix par un message Facebook
3/ Il accepte ou refuse votre décision
Si votre contact accepte votre demande, il pourra, après votre mort:
– épingler un post sur votre timeline
– répondre aux nouvelles demandes d’amis « sic »
– mettre à jour votre photo de profil
– télécharger, si vous l’en autorisez, un archive de vos posts et photos, mais pas de vos messages privés.
Par défaut, Facebook transformera donc votre profil en mémorial numérique, mais pourra également, si vous leur en faites la demande, l’effacer définitivement.
L’approche de Facebook soulève plusieurs réflexions
– Que se passe-t-il si vous voulez transmettre votre compte Facebook à un proche, à un membre de votre famille non-inscrit sur Facebook ?
– Si vous confiez la destinée de votre compte à un ami, celui-ci devra prouver votre mort à Facebook. En France, cela implique qu’il demande un acte de décès et le transmette à Facebook. Après examen, Facebook se réserve le droit de valider ou non la requête. Long et sans garantie de succès.
– Comme un grand nombre de services californiens quand on aborde la notion de capital numérique et du devenir des données personnelles, Facebook ne fait pas dans la pro-activité. La mise à disposition de cette nouvelle fonctionnalité constitue une réponse partielle aux demandes croissantes des proches de personnes décédées, et sa mise en oeuvre est encore floue sur notre territoire.
– Le manque de dialogue avec des instances comme la CNIL en France ou le G29 au niveau européen est également préoccupant.
Faut-il choisir son héritier Facebook ?
Cette nouvelle fonctionnalité a au moins le mérite de mettre en relief la question du devenir des profils personnels et permet à chaque utilisateur Facebook d’en prendre partiellement le contrôle.
Le processus est imparfait, incomplet mais s’il est massivement utilisé, il permettra de prouver que les internautes ont conscience qu’il faut maîtriser leur identité numérique.